lundi 16 mai 2022

Intimisme : Source de vie pas à pas, deuxième relecture-réécriture

Lors de la première réécriture, j'avais "figé" mon texte. Ce qui veut dire que tous les éléments de contextualisation ont été vérifiés à l'aide de bases sérieuses et que les informations ont été recoupées avec d'autres bases (Il faut absolument éviter le "biais d'ancrage" : un site peut être sérieux sans pour autant être impartial et même biaisé par une vue politique, religieuse, martiale, etc.).

Je ne reviendrai pas sur le contenu de mon histoire. C'est un très bon moyen d'être certain d'avancer.

Maintenant, je vais relire et réécrire dans le but d'améliorer ma rédaction, mon style, etc.

Si possible, il faut laisser passer un certain temps entre ces deux phases de relecture afin "d'oublier" ce qui a été écrit. Le temps qui passe va permettre à notre cerveau de lâcher prise sur le travail de création et nous verrons l'histoire d'un point de vue extérieur... ou presque. L'idéal étant, bien entendu, de faire appel à un relecteur professionnel... qui n'est pas un correcteur...

Je vais commencer par le plus facile et le plus spectaculaire :

  • Débusquer les scories :
Dans mon cas, c'est assez facile, je sais que je suis toujours obligée de traquer les "mais" que je "mets" partout. 
Voici une capture d'écran. Le résultat pour la recherche de "mes" "mais" est impressionnant ! Et encore, je ne vous présente qu'une partie de mon texte.
 

Dans la première partie de mon texte "Intimisme" (la capture ne présente qu'un extrait), j'ai utilisé 15 fois la conjonction "mais" sur un total de 938 mots.
Pour remédier au problème, il suffira, le plus souvent, d'enlever le mot en question (surtout si, comme c'est mon cas, il s'agit d'une conjonction qui n'a souvent pas lieu d'être) ou de modifier la ponctuation. Parfois, il faudra le remplacer par un synonyme.
 
Nous avons tous des "tics" d'écriture. Les connaître permet de très facilement améliorer sa rédaction.
  Amusez-vous à écrire sur un sujet précis en n'utilisant que très peu de mots (Ex. : dresser le portrait d'une mère en 500 caractères, espaces compris, au maximum). Les scories vont apparaître nettement. Connaître vos scories vous permettra de gagner un temps précieux au niveau de la relecture-réécriture de cette phase de la rédaction.

Je vais continuer par la compréhension de chaque élément de l'histoire.
  • Analyser chaque phrase, chaque paragraphe
C'est très net, il y a une phrase alambiquée :

"Ce n'est pas vraiment un drame mais, elle porte sans doute un germe héréditaire, qu'elle transmettra et qui expliquerait quelques mystères nés bien avant le 17 janvier 1900, jour où la douce Emilie Chalvet a enfanté la fille de Noé Livet qui deviendra la reine du Petit Montrouge, quartier du village de Paris 14e."

Lire à haute voix permet de débusquer aisément ces phrases mal construites ainsi que d'améliorer le rythme et la sonorité de l'ensemble du texte.

Pourquoi cette phrase pose-t-elle un problème ?
  • Parce qu'elle comporte plusieurs notions : 
    • le drame et les mystères
    • la date de naissance de Germaine
    • la présentation de ses parents
    • la situation géographique
    • l'avenir de Germaine.
C'est évidemment beaucoup trop. Il va falloir penser à une réécriture qui va pallier cette difficulté.

Réécriture :
"Ce n'est pas vraiment un drame, mais elle porte sans doute un germe, une tare, dont elle a hérité et qu'elle transmettra... Peut-être les progrès de la science permettront-ils de percer alors quelques mystères du passé. Nous n'en sommes pas là, le 17 janvier 1900, jour où la douce Emilie Chalvet a enfanté la fille de Noé Livet. Qui peut alors deviner que l'enfant deviendra la reine du Petit Montrouge, ce quartier très animé du village de Paris 14e ?"
 
Le plus facile vient d'être réalisé ; le travail n'est pas, pour autant, terminé.
  • Distinguer les répétitions.
Il n'est pas toujours évident de les voir et encore moins de les supprimer.


Dans ce même texte que nous analysons pour tenter de l'améliorer, (ce texte ne comporte que 938 mots), le mot "rampe" apparaît 4 fois dont trois dans le même paragraphe et deux de manière très rapprochée. De plus, le verbe "saute" lui est associé deux fois, toujours de façon trop proche.
 
Difficultés : 
  • La petite histoire de la glissade sur la rampe de l'escalier est importante dans le récit. Elle en dit long sur la relation entre Germaine et Lucien, leur évolution liée à l'âge et met en avant les différences qui s'installent entre une jeune fille et un jeune homme ;
  • Les synonymes de rampe d'escalier ne sont pas si nombreux et pas tout à fait interchangeables pour raconter cette anecdote (garde-corps, main courante) et une métaphore n'est pas évidente.
Réécrivons :
"... Il saute sur la rampe et, les bras écartés pour garder l'équilibre, se laisse glisser, dans un grand éclat de rire, jusqu'à la boule sur laquelle, d'une main, il prend appui pour se projeter sur le palier... Elle est joyeuse, il lui faut le rejoindre, il l'attend un étage plus bas, le regard tourné vers elle, les bras tendus au ciel. Elle saute sur le garde-corps... tout n'était que mirage... ses jupes se sont allongées, son corsage s'est ajusté et sa taille s'est resserrée... La chute est rude et les rires taris... C'est fini, jamais plus elle ne glissera sur une rampe... "

C'est indubitable, j'ai retiré une fois - celle de trop - le mot rampe. J'ai toujours la répétition du verbe sauter et franchement, je n'aime pas l'image du "garde-corps" dans cette histoire (il est en contradiction avec la liberté de glisser sur la rampe et le problème des vêtements de Germaine qui sont déjà un "garde-corps"). Je ne suis pas satisfaite.

A dire vrai, je pourrai réécrire complètement ce passage, mais ce style est le mien, c'est ma signature rédactionnelle alors, je vais purement et simplement retirer le mot rampe du milieu.
Réécrivons :
"... Il saute sur la rampe et, les bras écartés pour garder l'équilibre, se laisse glisser, dans un grand éclat de rire, jusqu'à la boule sur laquelle, d'une main, il prend appui pour se projeter sur le palier... Elle est joyeuse, il lui faut le rejoindre, il l'attend un étage plus bas, le regard tourné vers elle, il l'encourage d'un geste de la main. Elle bondit... tout n'était que mirage... ses jupes se sont allongées, son corsage s'est ajusté et sa taille s'est resserrée... La chute est rude et les rires taris... C'est fini, jamais plus elle ne glissera sur une rampe... "

Vous remarquerez que :
  • l'ellipse du mot rampe ne nuit pas à la compréhension
  • j'ai profité de la réécriture pour :
    • utiliser "bondir" à la place de "sauter", évitant une répétition
    • j'ai modifié : "les bras tendus vers le ciel" par "il l'encourage d'un geste de la main" : cela ne change rien au sens : Lucien, dans les deux cas, invite Germaine à le rejoindre en glissant sur la rampe. En revanche, cette modification évite la répétition du mot bras
    • retirer un "l" au mot palier. Car, oui, c'est vrai, je dis toujours qu'il faut faire les corrections en matière d'orthographe et de grammaire lors d'une dernière relecture (car toute modification du texte peut entraîner une modification grammaticale) mais, il est évident qu'il faut corriger les simples fautes de frappe ou d'usage au moment où on les voit.
Je peux aller beaucoup plus loin dans ma réécriture.
  • Choix des mots
Il n'est pas, bien entendu, question de se creuser la tête à chaque mot, il faut simplement trouver ceux qui n'apportent rien ou qui sont trop ou pas assez précis, ceux qui sortent de l'ordinaire, les termes techniques ou spéciaux, ceux qui peuvent être assimilés à du patois ou à l'argot - ou qui sont du patois ou de l'argot - , etc.
  • Pitchounette : 
On le trouve au 3e paragraphe "Elle s'appelle Andrée mais on l'appelle Germaine ; il paraît que cela vient d'elle... Pitchoinette..."
Je vais changer ce mot et voici pourquoi :
  • L'idée exprimée est de montrer l'innocence de l'enfant : ce n'est pas sa faute si elle ne sait pas prononcer "Andrée".
  • le mot semble approprié, pourtant il ne l'est pas :
    • Pitchounette vient du  provençal, il n'a pas sa place dans un récit de vie qui se déroule au tout début du 20e siècle à Paris.
    • Petiote est un mot moins riant au niveau de la sonorité, mais idoine. Je vais donc modifier mon texte en utilisant "petiote" à la place de "pitchounette".
  • Famille :
Dans le dernier paragraphe : "... Mais cette permission était accordée pour dire au revoir à sa famille..."
Je vais purement et simplement retirer le mot famille de cette phrase pour plusieurs rasions :
  • Préciser "famille" est faux et très restrictif : la permission n'était pas accordée pour la famille ; le permissionnaire pouvait dire au revoir à qui il voulait,
  • Germaine n'a jamais fait partie de la famille de Lucien,
  • Le mot famille apparaît huit fois dans la totalité de la partie du texte que je vous ai présentée (Intro, Source de vie partie 1 et partie 2 et passé et avenir.
Voilà, c'est terminé pour aujourd'hui. Cela ne veut pas dire que d'autres corrections ne sont pas nécessaires, mais nous avons vu les grandes lignes de cette phase de relecture-réécriture.
Ce n'est qu'à la fin de cette étape que je vais procéder à la correction de l'orthographe et de la grammaire qui ne sera pas encore la phase finale puisqu'il faudra régler la question de la mise en page et des illustrations (éventuellement).

A bientôt,
Catherine Livet

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